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Historias Sudacas
17 juin 2008

Ballons sacrés 1/2

           En Argentine, le sport est une institution. Si le pays a couvé de grands joueurs de tennis et des automobilistes de renom, le collectif prime avant tout. Ce n’est pas un secret, le ballon rond éclipse les autres pratiques sportives. Il existe à Buenos Aires une Eglise dont la religion officielle consiste à vouer un culte au Dieu Diego. Un cimetière a été créé spécialement à l’attention des fanatiques du Boca Junior, pour éviter un phénomène grandissant, qui voyait les cendres de fanatiques défunts répandues par leurs proches sur la pelouse les jours de match, et qui détérioraient la qualité du gazon. Dans les salles de sport, il est commun de voir dans les vestiaires de gros tatouages sur le torse ou les bras d’hommes de tout âges, représentants les écussons de leur club de toujours. Le football est roi. Son valet, le rugby, n’a désormais plus rien à lui envier. L’équipe nationale, les Pumas, a donné une leçon à l’Europe entière lors de la dernière coupe du monde. L’Irlande, l’Ecosse, et la France –par deux fois- se sont fait corriger par une équipe qui n’a pas la chance de jouer des tournois annuels majeurs, et dont les joueurs ont beaucoup moins l’occasion de rôder leurs automatismes. Ces pumas héroïques retrouvaient ce week-end leurs terres pour renouer avec leur public et montrer aux Ecossais qu’ils étaient toujours les patrons depuis leur quart de finale du Mondial au Stade de France. Quant à la sélection de foot, elle affrontait dans le même week-end l’Equateur dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2010. Plongée dans le monde du ballon albiceleste.

 Samedi 14 juin, 16 heures. Stade du Velez Sarsfield. Enceinte comble, quarante mille spectateurs pour soutenir une sélection privée de la plupart de ses cadres (Pichot, Hernandez, Corletto et compagnie) encore en Europe pour terminer leur saison dans leurs clubs, mais avec une bonne base de joueurs présents lors du bronze mondial d’octobre dernier, emmenée par Felipe Contepomi qui dispute son dernier match international, et quelques jeunes pousses évoluant encore au pays. Tout le monde s’attend à la confirmation du succès de la semaine dernière lors du premier test match de la série, remporté à Rosario face à ces mêmes Ecossais. Le début de match est poussif, les Pumas accumulent les fautes, les Ecossais restent bien en place. A la mi-temps, le score est de 0-16 en faveur du XV du Loch Ness, qui s’appuie sur défense de fer, un pack agressif et le jeu au pied impeccable de Chris Patterson qui transforme tout ce qui se présente. Côté argentin, le manque d’automatismes se fait sentir, et malgré des griffes mieux aiguisées en deuxième mi-temps, les locaux peinent à revenir dans le match. Malgré un essai rageur de Fernandez Lobbe, les pumas attaquent sans grand entrain et se font surprendre par un contre assassin qui voit Morrison finir sa magnifique course par un plongeon olympique entre les poteaux. Le bruit de la cornemuse ne sera pas caché par celui du clairon sonné par Agulla, qui marque un essai pour l’honneur dans les arrêts de jeu.14-26, la cabane est tombée sur le puma. Les joueurs du chardon viennent de remettre les pendules à l’heure et peuvent savourer cette victoire, la première face à l’Argentine depuis 18 ans. Les Pumas se rendent aussi compte de leurs limites, et de la nécessité d’intégrer un des deux grands tournois internationaux (le Tri Nations avec les pays du Sud ou les Six Nations avec ceux du Nord) pour maintenir leur niveau de la Coupe du Monde française.

 Malgré la défaite et l’absence des grands noms du XV argentin, le public aura été au rendez-vous, le stade du Velez étant rempli et bouillant durant quatre-vingt minutes, soutenant son équipe même lorsqu’elle frôlait le ridicule à la mi-temps. Le « phénomène rugby » qui s’était emparé du pays lors du Mondial ne s’est pas éteint et la culture du jeu à quinze ne disparaîtra pas malgré la défaite. Et puis ce n’est somme toute qu’un match amical et le ballon est ovale. S’il peut y avoir des surprises en rugby, il ne devrait quand même pas y avoir photo en foot demain contre l’Equateur.

DSCN1088

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