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Historias Sudacas
18 juin 2008

Ballons sacrés 2/2

 Dimanche 15 juin, 18 heures. Stade de River Plate. En Argentine, ce sont les meilleurs qui font partie de la sélection. Finie l’époque où Daniel Passarella refusait de convoquer les joueurs ayant les cheveux trop longs. Le coach Coco Basile ne considère que l’aspect footballistique, pas l’astrologique, et bien qu’on ne sache pas ce qu’aurait donné sa team si elle avait joué l’Euro, on peut supposer qu’elle aurait fait mieux que notre piteuse sélection. Le latéral droit, équivalent argentin de François Clerc, c’est le capitaine de l’Inter Milan Javier Zanetti. Quand le maillot du numéro 10 de l’équipe de France est porté par Sydney Govou en France, il est arboré par Riquelme côté argentin. L’ailier gauche français, c’est Florent Malouda. Ici, c’est Leo Messi du Barça, un des cracks du foot mondial. On s’arrêtera là car c’est douloureux. En revanche, niveau affluence, le Monumental de Buenos Aires n’affiche pas complet. Il fait froid, les choripanes –sandwichs aux chorizos locaux- de la buvette sont un peu indigestes, et en plus en face c’est l’Equateur, autant regarder la démonstration de force à la télé en mangeant des empanadas oignons fromage. Ca chantonne dans les tribunes : El que no salta es un inglés ! Mais on ne note que ce n’est pas le même entrain que lors des matches de championnat national ; en effet le fanatique argentin privilégie l’amour de son club de naissance que sa sélection.

 En revanche, ce qui est joli avec le supporter argentin, c’est que même lorsque son équipe est menée au score, il continue de soutenir les joueurs et chante avec encore plus d’allant. C’est le cas lorsque Urrutia ouvre le score pour les équatoriens suite à un contre mené de main de maître, à vingt minutes de la fin. Les supporters visiteurs cloisonnés dans une petite partie du stade commencent à donner de la voix. Si se puede ! Si se puede ! Les tambours se mettent enfin à résonner et à entraîner le stade avec eux.

Vaaamos Argentina
Es un sentimientooo
No puedo parar
Olé olé olé
Olé olé olé ola
Olé olé olé
Cada día te quiero más

       Les minutes défilent, l’exploit devient de plus en plus envisageable. Le potentiel offensif argentin n’arrive pas à faire céder le verrou adverse. Riquelme n’est pas dans son meilleur jour. Messi tricote, rend fous les défenseurs par sa technique d’extra-terrestre, mais il manque la bonne dernière passe. Kun Aguero rate de peu un face-à-face avec le gardien. Lorsqu’à la 89ème, la brujita Veron laisse sa place à l’attaquant de Boca Rodrigo Palacio, le 4è arbitre affiche trois minutes d’arrêts de jeu. Ce sera suffisant pour que la Joya égalise, suite à un dégagement désespéré du pato Abondanzierri, qui trouve la tête du géant Julio Cruz, remisant parfaitement pour Palacio. Anecdote pour les superstitieux, la selección n’a jamais perdu le moindre match avec lui dans l’équipe. Il sauve les siens dans le money time et réussit à garder son statut de « porte chance ». 

         Mais un match nul à domicile face à l’Equateur, malgré une égalisation sur le gong, ça fait cloche, surtout que le classique contre le Brésil arrive dans trois jours. Cependant, on ne s’en fait pas. Pour se qualifier pour le Mondial sud-africain, il faut finir dans les quatre premiers d’une poule où se rencontrent en matches aller-retour tous les pays du subcontinent, et l’Argentine est bien ancrée à la deuxième place. L’important, c’est de bien préparer cette coupe du monde et d’accrocher dans deux ans une troisième étoile sur le maillot pour l’honneur d’un peuple qui aime tellement le football et qui souffre tellement dans la défaite. D’ici là, la grosse échéance, c’est déjà mercredi au Brésil dans le stade Mineirao de Belo Horizonte, où il faudra faire oublier la dernière confrontation entre les deux colosses d’Amérique du Sud, lors de la dernière finale de Copa America qui avait vu l’équipe des coiffeurs auriverdes taper 3-0 la dream team albiceleste.

        Les coéquipiers de Pupy Zanetti  devront mouiller d’avantage leur maillot et montrer plus d’orgueil sur le terrain. Les rugbymen commencent leur match durant les hymnes, soudés, compacts, chantant en cœur, certains laissent échapper des larmes. A la fin du match, même battus, ils saluent leur public et montrent leur fierté de représenter la nation. Les footeux sont eux beaucoup moins expressifs, peu chantent l’hymne, et malgré le demi exploit d’avoir égalisé sur le fil, ne montrent le moindre signe de fêter le point obtenu avec leurs supporters. Au coup de sifflet final, ils rentrent tête basse au vestiaire sans même lever la tête vers les tribunes. Malgré tout, le public sera toujours présent. Vaaamos Argentina, es un sentimientooo, no puedo parar.


DSCN1103

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